Un drame immense pour les 270 habitants de Séneujols qui pleuraient hier la disparition de Romain, enterré au cimetière communal / Photo Rémi Barbe
zoom
Un drame immense pour les 270 habitants de Séneujols qui pleuraient hier la disparition de Romain, enterré au cimetière communal / Photo Rémi Barbe
Romain a succombé à un arrêt respiratoire à l'hôpital du Puy après un malaise à son domicile. Il avait été vacciné 4 jours avant contre la grippe A. Aucun lien n'est établi
Ciel bas sur Séneujols hier après-midi. Le petit village de Haute-Loire vient d'enterrer l'un de ses enfants. Il n'avait que 9 ans.
Romain est décédé mardi après-midi au centre hospitalier Emile-Roux du Puy-en-Velay. Une mort brutale qui a choqué tout le monde et déclenché un déferlement médiatique sur cette commune de 270 habitants au pied de la chaîne du Devès en Haute-Loire. Car une question angoissante entoure ce drame : le décès de Romain est-il lié au vaccin administré quatre jours plus tôt ?
Mardi après-midi, l'enfant est fiévreux. Son état de santé se dégrade soudainement. Les sapeurs-pompiers de Cayres interviennent aux côtés d'une équipe médicale du Samu 43. L'enfant succombe peu après son arrivée au centre hospitalier. Une autopsie a été pratiquée vendredi à l'institut médico-légal de Saint-Etienne. Dans le même temps, l'hôpital a signalé le décès au parquet.
Le procureur de Haute-Loire, René Pagis, a commandé l'ouverture d'une enquête « pour recherche des causes de la mort ». Une enquête qui a, dans le même temps, été confiée au service régional de police judiciaire de Clermont-Ferrand. Ce qui soulève des interrogations, c'est que l'enfant a été vacciné au Panenza® (vaccin sans adjuvant produit par Sanofi-Pasteur) contre la grippe A H1/N1 le vendredi précèdent. Mais, pour le procureur René Pagis, « rien ne permet de tirer des enseignements et de dire qu'il y a un lien de cause à effets entre le vaccin et le décès ». L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) abonde dans un communiqué hier matin: « Les éléments disponibles à ce jour ne permettent pas d'établir l'origine du décès ». Toujours selon le procureur René Pagis, « l'enfant a connu de petites complications médicales jusqu'à ce malaise ». L'Afssaps détaille les symptômes comme « de la fièvre et des troubles digestifs importants » qui se sont déclarés dimanche, soit 48 heures après la vaccination.
Romain ne présentait pas de pathologies lourdes mais aurait eu une santé fragile selon un proche de la famille. Il était scolarisé en CM1 à l'école de Séneujols, commune située à 15 km du Puy et jouait dans le club de foot local. L'école est restée ouverte jeudi et vendredi après l'annonce de son décès. L'inspection académique a mis en place une cellule d'écoute et de soutien jusqu'à vendredi midi afin « d'offrir un espace de parole aux élèves et à leur famille et de les aider à traverser cet événement douloureux » .
Rémi Barbe
Romain n'est pas mort du virus H1N1
Hier soir, Bruno Pozzetto, professeur de virologie au CHU de Saint-Etienne a indiqué que l'enfant n'était pas mort du virus de la grippe A.
En revanche, les analyses complémentaires en cours, qui pourraient durer plusieurs jours, seront nécessaires pour établir s'il y a un lien entre la cause du décès et le vaccin pratiqué quatre jours auparavant. De son côté, la famille dans la souffrance ne comprend pas que le cas de son enfant soit étalé sur internet et dans les médias : « Il s'agit de spéculations autour de la mort d'un enfant », visant notamment ceux qui ont hâtivement établi un lien entre le décès et le vaccin.
« C'est au procureur de communiquer. Il faut respecter le deuil de la famille », rappelle Serge Boyer, le maire de Séneujols.