dan Rang: Administrateur* LA SANTE DE NOS ENFANTS EN DANGER
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| Sujet: prof Goudeau bactér.Virologie Grippe aviaire Jeu 8 Sep - 9:28 | |
| labos menteurs conspirateurs Dan Professeur Alain Goudeau, chef du service de bactériologie-virologie du CHU de Tours En cas d'épidémie sévère, "nous serions démunis" LE MONDE | 06.09.05 | 14h17
ue pensez-vous de la constitution d'un stock de plus de dix millions de doses d'un médicament antiviral, l'une des principales mesures gouvernementales de lutte contre l'éventuel passage à l'homme du virus de la grippe aviaire ?
La constitution de ce stock n'est pas, selon moi, une mesure préventive dont il faut attendre beaucoup. Et ce pour diverses raisons. La première tient au médicament antiviral lui-même, dont on ne connaît pas l'efficacité réelle en cas de très grande épidémie due au virus aviaire. D'autre part, les résultats obtenus en Asie chez les premiers cas humains de grippe due au virus aviaire montrent que cet antiviral est en général peu efficace, voire pas efficace du tout. Il faut en outre prendre en compte l'émergence des phénomènes de résistance inhérents à toutes les utilisations massive! s de ce type de médicament.
Pourquoi n'a-t-on pas testé l'efficacité de ce médicament en situation épidémique ?
Pour diverses raisons. La première étant qu'il n'est pas très fréquent de faire un diagnostic, virologiquement confirmé, de grippe. Dans l'immense majorité des cas, ce diagnostic est habituellement conjoncturel et ne se fonde, en automne et en hiver, que sur des symptômes évocateurs. En d'autres termes, nous n'avons pas dans ce domaine une vision "virologique" de la réalité épidémique. Or on s'apprête aujourd'hui à traiter des millions de personnes sur la base de seuls symptômes qui peuvent être causés par d'autres virus ou d'autres agents pathogènes. La situation serait alors totalement anarchique. Il faut en outre ajouter que l'on ne pourrait pas traiter l'ensemble de la population française. Il faudra donc faire des choix.
Peut-on dès lors imaginer une approche plus rationnelle ?
On pourrait, en théori! e, songer à la pratique de tests de diagnostics rapides chez t! outes les personnes présentant des symptômes évocateurs. Mais, dans les faits, c'est impossible, compte tenu de la lourdeur et du coût d'une telle entreprise. Mieux vaut reconnaître que la situation serait proprement ingérable.
En d'autres termes, il faut savoir dès aujourd'hui que, si nous devions être confrontés à une épidémie de grippe très sévère d'origine aviaire, toutes les mesures préventives ou curatives que l'on annonce aujourd'hui à grand renfort de publicité montreraient malheureusement très vite leurs limites. Nous serions rapidement largement démunis. Mieux vaut le savoir plutôt que d'imaginer que tout est en place pour prévenir le pire.
Aurait-on, en situation épidémique, des capacités hospitalières suffisantes pour accueillir les personnes malades ? Rien n'est moins sûr. Aurait-on des personnels hospitaliers suppléants qui pourraient, le cas échéant, remplacer les personnels malades ? C'est loin d'être certain. Avons-nous les capacités financières ! pour assurer les remplacements des personnels de santé ?
Quelle est, alors, la moins mauvaise des conduites à tenir ?
Aujourd'hui, tout se passe comme si nous étions capables de pouvoir prévenir un phénomène épidémique, qui, s'il survient, ne pourra pas être prévenu. Dans le même temps, on se refuse à préparer l'opinion aux conséquences sanitaires, mais aussi économiques et sociales, qu'aurait immanquablement une telle épidémie. On se refuse aussi à réfléchir collectivement à la manière dont notre pays pourrait continuer à vivre malgré cette épidémie.
De ce point de vue, la seule question du remplacement du personnel de santé hospitalier qui serait malade constituerait un problème majeur, puisque tous les hôpitaux français travaillent à flux tendu, comme en témoignent les difficultés rencontrées chaque été pour maintenir une activité minimale. Dans l'hypothèse d'une épidémie de grippe d'origine aviaire, nous serions contraints de ferme! r des services entiers ; avec toutes les conséquences que l'on! peut imaginer.
J'ajoute que, même si nous disposions des moyens financiers, il n'existe pas, aujourd'hui, de personnels à recruter. Tout le monde sait depuis plusieurs années que nous sommes, en France, confrontés à une pénurie d'infirmières, mais aucune mesure substantielle n'a été prise pour lutter contre cette pénurie. De la même manière, le problème des forces vives sanitaires en situation d'épidémie n'a jamais été posé en ces termes.
Peut-on tirer des leçons de phénomènes épidémiques passés ?
Les Pays-Bas ont connu en 2003 une grosse épidémie de peste aviaire, qui, fort heureusement, n'a pas beaucoup touché l'espèce humaine. Une récente publication du Lancet analyse les raisons qui ont été à l'origine de l'extinction de cette épidémie. On apprend qu'en définitive la cause principale a été la pénurie de volailles, soit qu'elles ont été abattues soit qu'elles sont mortes de l'infection virale. C'est d'ailleurs souvent la règl! e en matière d'épidémie.
N'y a-t-il aucun espoir de prévenir une épidémie humaine de grippe d'origine aviaire à partir d'un vaccin ?
Bien évidemment, si l'on disposait d'un vaccin préventif efficace et que l'on pouvait en urgence vacciner l'ensemble de la population, on pourrait imaginer obtenir une prévention généralisée. On estime généralement que le vaccin utilisé devrait être fabriqué à partir de la souche virale mutée, ce qui imposerait un délai de plusieurs mois avant que la vaccination puisse être mise effectivement en oeuvre. Or je ne suis pas certain que l'on ne puisse pas préparer un vaccin à partir de la souche H5N1 qui circule aujourd'hui en Asie et, depuis peu, en Sibérie.
Propos recueillis par Jean-Yves Nau Article paru dans l'édition du 07.09.05[img] [/img] | |
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