Grippe A : l'OMS fera l'objet d'une enquête
Face aux allusions d'une éventuelle influence de l'industrie pharmaceutique et d'une surestimation du risque lié à la grippe A, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est défendue hier lors d'une conférence de presse. Elle a assurée qu'elle était prête à faire l'objet d'une enquête indépendante sur sa gestion de la grippe H1N1.
Le Dr Keiji Fukuda, conseiller spécial de la directrice de l'OMS sur la grippe H1N1, a répété que l'organisation n'avait subi aucune influence des laboratoires pharmaceutiques, bien que des experts de l'industrie médicament aient été effectivement consultés. "La question n'est pas vraiment de savoir si nous avons eu des contacts avec l'industrie pharmaceutique, mais si nous avons eu une quelconque influence exercée par un intérêt commercial, et la réponse est non", a affirmé le Dr Fukuda. Il a précisé par ailleurs que les experts étaient tenus de déclarer d'éventuels conflits d'intérêt avec les laboratoires.
L'organisation sanitaire internationale a affirmé qu'elle ferait l'objet d'une enquête indépendante sur l'évaluation de sa gestion de la grippe H1N1. Le conseil exécutif de l'OMS se rassemblera le 18 janvier afin de préciser les termes de cette évaluation. L'organisation onusienne assure que les conclusions de cette enquête seront rendues publiques. Notons également que l'OMS s'est félicitée de la récente demande du Conseil de l'Europe de participer à des audiences sur sa gestion de la pandémie, afin "de fournir des informations exactes et de clarifier les idées fausses".
Alors que de nombreux pays tentent de revendre leurs surplus de vaccins, le conseiller spécial de l'OMS a expliqué que l'organisation n'avait pas conseillé les pays et n'avait pris part à aucune discussion à ce propos. Il a montré son soutien aux autorités sanitaires nationales qui avaient du faire face à "une tâche très difficile", concernant l'évaluation des commandes de vaccins nécessaires.
Par ailleurs, alors que certains reprochent à l'OMS d'avoir surestimé la pandémie, Keiji Fukuda a insisté sur le fait que la pandémie de grippe A était réelle et que la menace n'avait pas été exagérée. L'OMS affirme avoir respecté le principe de précaution qui consiste à "se préparer au pire, tout en espérant le meilleur".
Le fait de sous-entendre que la pandémie était artificielle est "scientifiquement faux" et" irresponsable" selon le Dr Fukuda. Ainsi il a rappelé tour à tour que le terme de pandémie était justifié : plusieurs régions du monde ont été touchées, le virus H1N1 est génétiquement très différent de la grippe habituelle, il peut engendrer de graves infections et provoquer des décès.
Au total, près de 13 000 personnes sont décédées de la grippe A à travers le monde et "nous nous attendons à ce que ces chiffres soient en fait beaucoup plus importants" a précisé le conseiller spécial. Enfin, alors que l'activité pandémique reste intense en Afrique du nord, en Asie du sud et dans l'est et le sud de l'Europe, le Dr Fukuda a déclaré qu'"il est encore trop tôt pour dire que l'épidémie est terminée".
Sarah Laîné
Source :
Pandemic (H1N1) 2009 press briefing - 14 janvier 2010
PHOTO : JOSE MENDEZ/EPA/SIPA