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Publié le 18/11/2008 à 18:42 Le Point.fr
Le syndrome de la guerre du Golfe a bien frappé
Par Cyriel Martin
Le syndrome de la guerre du Golfe a bien frappé
Des soldats de la Légion étrangère française, munis de masques à gaz, patrouillent dans le désert saoudien, le 23 octobre 1990 © AFP PHOTO PASCAL GUYOT
C'est un pavé de 450 pages qui va faire beaucoup de bruit. Le rapport le plus complet jamais établi sur le syndrome de la guerre du Golfe a été publié lundi, et présenté au secrétaire américain aux Anciens combattants James Peake. Ce document , rédigé par le Comité consultatif de recherche sur les maladies des anciens combattants de la guerre du Golfe, composé de scientifiques et de vétérans, affirme que le syndrome de la guerre du Golfe est bien réel, et que plus d'un quart des 700.000 anciens combattants du conflit du début des années 1990 en souffrent.
Le syndrome de la guerre du Golfe est un terme générique pour désigner une série de maladies qui ont affecté les soldats américains à leur retour de l'opération Tempête du désert lancée en 1991 pour libérer le Koweït et repousser les troupes irakiennes. Il se manifeste par des problèmes de mémoire et de concentration, des maux de tête persistants, une fatigue inexpliquée et des douleurs généralisées, mais parfois aussi par des symptômes respiratoires, des problèmes de digestion et une irritation de la peau, précise le rapport.
Exposition neurotoxique
L'étude explique que ce mal, longtemps nié par les responsables de l'armée américaine, est dû à une exposition à des substances chimiques toxiques dont des pesticides - utilisés notamment contre les mouches des sables - et à un médicament prescrit pour protéger les soldats contre des gaz neurotoxiques. Pour les auteurs du rapport, "le syndrome de la guerre du Golfe est réel, il est la conséquence d'une exposition neurotoxique durant la guerre du Golfe et avec le temps peu d'anciens combattants en sont guéris ou sont en voie de guérison".
"Les vétérans de la guerre du Golfe de 1990-1991 ont eu le mérite de servir leur pays au cours d'une opération militaire qui a été un immense succès, accomplie rapidement. Mais beaucoup ont eu le malheur de présenter des séquelles durables sur leur santé qui ont été peu comprises et qui ont été niées ou minimisées pendant trop longtemps", explique notamment le rapport, qui dénonce la baisse "significative" des fonds fédéraux destinés à la recherche sur la guerre du Golfe au cours des dernières années, et demande 60 millions de dollars annuels afin de mener à bien ces études. "Un engagement fédéral renouvelé est nécessaire", estiment les auteurs de l'enquête, qui élèvent cette recherche au rang "d'obligation nationale".
Des conclusions sans appel, donc, qui tombent alors que le débat sur le retrait des troupes américaines actuellement engagées en Irak fait rage aux États-Unis. Le président élu Barack Obama a en effet répété dimanche qu'une fois élu, il déciderait de retirer l'essentiel des troupes d'ici à l'été 2010.